❝ And you will know My name is the Lord when I lay My vengeance upon thee. ❞ — Pulp Fiction.

Putain, la lolita aux allures de poupée mécanique. Intoxicated girl. « C'est la chance de ta vie. » Je déplie les jambes, tourne sur le matelas, ventre nu posé sur les draps d'un blanc immaculé. La tâche dans cette chambre luxueuse, la galeuse perdue dans l'océan opulent qu'était l'appartement de Clay Davis, au sixième étage d'un hôtel particulier de la capitale londonienne. Horreur de maigreur, les côtes apparentes, les cheveux volant dans un désordre pourtant ordonné, tâchés de rose bonbon sur quelques mèches. « T'as parlé à Marcus ? » Ma voix est froide, on dirait une piste pré enregistrée de super marché, ou de gare. La voix d'un automate, lassée de répétée sans cesse la même question sans obtenir la réponse voulue. Je tourne les yeux vers Clay, mordillant légèrement ma lèvre inférieure, tic nerveux, qui était devenue une habitude à force de le répéter heures après heures. J'vais crever d'un arrêt cardiaque, j'vais crever devant ses beaux yeux parce qu'il me torture, parce qu'il me prends pour sa poupée, pour un pantin qu'il peut baiser quand l'envie le prend, quand les hormones mâles bouillonnent et qu'à la fin, il se sent obligé de me prouver son statut de dominant en m'éjectant contre un mur. J'le hais, je hais Clay Davis, et j'crève de bonheur dès qu'il peut entre ouvrir la porte de mes rêves dont lui seul semble avoir la clé. Clay s'approche, dépose ses lèvres au coin des miennes et son dos retombe contre le matelas. « Pas encore mon amour. Ce n'est pas comme ça que l'on va procéder. » Deux mois, deux putains de mois qu'on m'avait arrachée à ma Californie natale. Paraît que l'American Dream se trouvait maintenant de l'autre côté de l'Atlantique, quelque part dans l'Ancien Monde. Un retour générationnel à la case départ. « Comment alors ? » J'm'impatiente, comme toujours. J'ai l'impression de revivre en boucle la même scène, encore et encore, depuis ces deux mois. Clay balance légèrement sa tête de droite à gauche, mouvement amusée, complété par son sourire en coin. J'prends le temps de l'observer, constater de la laideur criarde de ses traits de trentenaire. Il m'avait paru tellement beau au premier abord, avec ses cheveux teints une fois par semaine, un châtain presque chocolat, qui accentuait le vert de ses yeux. Il avait l'habitude de faire tressauter sa lèvre inférieure, passer sa langue sur la peau rosée et charnue. Symbole du mâle, de l'alpha. Il avait ce regard en biais, l'air de celui qui n'a rien à craindre, l'air qui te rassure ou te tient à l'écart selon les personnalités. Et il avait surtout ce poids social, ce fric qui dégoulinait de toute part et qui l'avait transformé, peu à peu, en monstre lubrique et violent. Clay est dégueulasse, Clay n'est qu'un foutu diable, caché dans la peau d'un beau mec de la City. « Tu me laisses faire. C'est en cours. » Réponse habituelle. J'en ai marre, d'attendre, encore et encore. Doucement, je bascule sur le dos, remontant légèrement la culotte de dentelles qui glisse légèrement de mon bassin. Soupir qui se fait de nouveau entendre, Clay dépose une clope entre mes lèvres, l'allumant juste après. Je tire une longue latte dessus, tête légèrement penchée vers l'arrière quand je sens ses mains se poser sur mon ventre, retracer les courbes de mes hanches. Le majeur se lève en direction de Clay, et j'retrousse légèrement les lèvres, comme un clebs prêt à mordre. « Rain, t'es qu'une chienne en laisse, tu l'sais. » Une chienne en laisse, le terme exacte. La pauvre nana qu'on avait retiré de sa ville, avec les yeux brillants, pleins d'un rêve avorté avant l'heure. J'voulais être actrice, on m'a préparé un book, on m'a fait passer quelques shoot, on m'a mis dans les bras de Clay, ce super héros plein de fric, qui t'fais caresser l'espoir du haut de sa tour d'ivoire. On t'met dans les bras de Clay, un de ces types qui payent pour toi, en proposant de t'aider, en te promettant monts et merveille, ce rôle dans le prochain film d'un ami à lui. Que dalle. Je ferme doucement les yeux, tirant une dernière latte sur la cigarette avant de la balancer dans un des cendriers. Un signal pour le maître. « T'appelleras Marcus. » Sunburn.

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Je relève légèrement le menton, prenant cet air suffisant propre à chaque mannequin. Bouche entre ouverte, les yeux légèrement plissés, concentrés, c'est l'attitude insaisissable, séductrice du model. Jambes croisées, la droit par dessus la gauche, je me penche un peu vers l'arrière, attrapant le sac griffé Westwood entre mes doigts franchement manucurés. L'objectif rivé sur nous, le flash de l'appareil m'aveugle quelque secondes. Un seul clic, et j'entends le professionnel échapper un long soupir. Je dodeline légèrement du chef, essayant d'apercevoir quel était le problème, qu'est ce qui pouvait le bloquer dans ce shoot à peine commencé. Incapable d'attendre, comme toujours. « Un problème ? » Le photographe s'avance de quelques pas, me dévisage d'un air nerveux. « Clay avait raison. Une putain bonne à rien. Même pas foutue de rester deux secondes à sa place.» Je plisse légèrement les yeux, mordillant ma lèvre inférieure, peinte d'un rouge orangé avant de me relever d'un bon, le sac toujours en main. L'humeur grimpe, non progressivement, mais en flèche. « Écoute, Clay est un bon ami. J'voulais bien lui rendre ce service mais vraiment, tu ne vaux rien. Un conseil, change de carrière. » Bâtard. J'avance d'un pas vers le photographe, sourire acerbe sur les lèvres. Ma main glisse le long de son torse, aguicheuse, ce qui semble le ravir. Arrivée au bas ventre, mes doigts courent quelques secondes sur la boucle de sa ceinture, avant de reprendre plus bas. Il se plie vers l'avant, étouffant un cri de douleur. Pauvre connard, j'te foutrais à genoux plutôt que d'en faire de même. Paire de valseuses entre les mains, j'tiens la virilité d'un homme entre mes mains, et le réduis à l'état de simple chiot. J'me penche vers l'avant, ma bouche venant trouver son oreille. « Dis à ton ami Clay qu'ses promesses, il pourra les souffler à la future jeune conne qu'il mettra dans ses draps. » Je le lâche, reculant de quelques pas en attrapant ma veste posée sur une des chaises du studio. J'en ai finis, plus que marre de tout ce bordel. Plus de Clay, sûrement plus de mannequina, qui sait. J'rentre à l'appart, à défaut de pouvoir retourner à LA la bouche en cœur et pleine de fierté. J'me sens sale, j'me sens abandonnée, et j'emmerde profondément ce monde. My happy endings.





Dernière édition par Rain S. Fitzgerald le Sam 29 Oct - 21:08, édité 17 fois

J'me suis décidée à prendre Charlotte Free au final
Merci tout le monde

AHAH merci Duncan
ça me rassure, j'avais peur de perdre mon charme d'un coup

(Robbie est trop cute bordel )

S. Lux Asterales a écrit:

c'est faust qui vas être content (a)

Vous commencez à me faire peur Duncan surtout, qui devrait me passer le numéro de son dealer.

Rain S. Fitzgerald a écrit:

Maëlle Mais comment tu m'as reconnu ? T'es une espionne ?

Merci ma belle