© ally bee

MOIRA Ó SÚILLEABHÁIN,

dite Sullivan

ft. sasha pivovarova ; did you say cheeseburger ? ▬ (c) monstreux

Ϟ t'as quel âge, t'es originaire d'où ? t'es né quand ? t'as un compagnon ? dis nous tout! Y a un an, j'vous aurai mis mon poing dans la figure pour m'assommer comme ça de questions. Depuis, je commence à être habituée. Donc, dans l'ordre, parce que j'ai une très bonne mémoire : J'ai 20 ans, j'en ai d'ailleurs rien à foutre que ce soit vieux dans ce milieu-là, je pense que c'est le plus bel âge. J'viens d'un trou paumé que vous connaîtrez pas, mais c'est en Irlande. D'ailleurs en vrai je m'appelle pas Sullivan comme tous les agents vous le font croire, mais bien Ó Súilleabháin [o saulawanne]. J'suis née y a 20 ans, ça t'étonne ? Au début du printemps, dans une jolie petite maison de faux bourgeois. Non, ça, ne l'écrivez pas, je ne voudrais pas que ça remonte aux oreilles de mes parents, je les aime énormément et mes grands-parents ont travaillé fort pour avoir cette petite maison. D'ailleurs, c'est l'endroit au monde où je me sens le mieux. Quand à avoir un compagnon, franchement, ça ne vous regarde pas. Mais si vous vous renseignez un peu, vous saurez que les rumeurs les plus folles courent sur ma colocataire et moi. C'est ridicule, mais si ça les amuse.
Ϟ depuis quand et comment est-ce que t'es devenu mannequin ? L'an dernier, j'avais fait le voyage à Paris pour une audition de danse. Oui, c'est ça que je voulais faire à la base. J'ai commencé avec de la danse classique, puis je voulais faire quelque chose de plus moderne. C'est là que le type s'est pointé. On a parlementé pendant deux heures quarante au café du coin, et j'ai fini par accepter. On a pas deux fois vingt ans... et bordel, il m'a eu avec tout son charabia. J'me suis faite avoir comme une môme. Enfin maintenant que j'y suis, j'y reste.
Ϟ et le succès, ça commence à venir ou s'est-il déjà établi dans votre carrière ? Ca commence à venir. J'ai passé les six premiers mois de ma carrière à hurler contre tous ceux qui me stressaient, j'ai jamais réussi à me constituer un book, l'horreur. Mais maintenant, ça y est. Mon book file de mains en mains et tout le monde dit que je devrais plus tarder à décoller. Tout le monde rajoute d'ailleurs qu'il est pas trop tôt vu mes rides. Très drôle.
Ϟ quelles sont les habitudes que tu as changé depuis que t'es mannequin ? J'ai du perdre au moins 4 kilos, alors que j'étais franchement pas grasse. Et pour ça, pas besoin de régime : le stress, les courses partout, les défilés... Tout ça suffit largement. Je fume sûrement plus qu'il y a un an, une sale habitude dont il devient franchement dur de se débarrasser. Je dois passer voir mon dentiste tous les six mois pour qu'il me fasse un blanchiment, et ça fonctionne. Mais franchement, par rapport à d'autres malheureux, je crois que mes petites habitudes sont encore raisonnables.
Ϟ à quoi aurait ressemblé ta vie si t'étais pas devenu mannequin ? Avec de l'optimisme, j'aurais peut-être pu devenir la danseuse que je voulais être. Et ça, ça me tue rien que d'y penser. Parce qu'en danse, même moderne, c'est toujours la jeunesse qui prime, donc quand je sortirai du mannequinat, ce sera trop tard et je saurais pas quoi faire. Du coup, il s'agit que je récolte un maximum d'argent pendant que je peux encore grimper sur un podium, logique. Et puis heureusement que ma soeur est là pour faire des études de droit, sinon mes parents ne seraient sûrement pas aussi laxistes avec moi.

❝ Vous me dégoûtez tous avec votre bonheur ! Avec votre vie qu'il faut aimer coûte que coûte. On dirait des chiens qui lèchent tout ce qu'ils trouvent. Et cette petite chance pour tous les jours, si on n'est pas trop exigeant. Moi, je veux tout, tout de suite, - et que ce soit entier - ou alors je refuse ! Je ne veux pas être modeste, moi, et me contenter d'un petit morceau si j'ai été bien sage. Je veux être sûre de tout aujourd'hui et que cela soit aussi beau que quand j'étais petite - ou mourir. ❞ — anouilh.

Tu sais jouer des poings, tu cours comme un garçon et tu mords comme une hyène. Tu te crois moins con que les autres, moins édulcorée et plus véritable. C'est pas tout à fait vrai, mais on s'en fout, parce qu'ils le croient aussi. Ils ? Ceux qui croisent ton chemin et qui forcément, l'espace d'un instant, ont le cerveau qui bug. T'as l'air d'une poupée, t'as l'air d'une mannequin, t'as l'air d'une douce, d'une fraîche. Puis ils le voient pas venir. Ils te voient bouger. Te lever, casser un verre, maladroite comme t'es, engueuler le serveur, rire à gorge déployée, enfoncer tes ongles dans la table de surprise. Et ils bugent. T'es pas une poupée, alors ? Pas franchement non. Enfin toi, tu trouves pas. Tu préférerais carrément qu'on te traite de garçon manqué. Mais avec ton physique, ça le fait pas. T'as beau mordre, t'as beau frapper, t'as toujours l'air d'une midinette. Et dans la rue, tu te fais toujours draguer. Et tu déteste ça. Et inlassablement, tu continues de leur envoyer ton genou dans les couilles. Parce que tu détestes les cons, les dragueurs, les machos, et que tu vendrais l'Irlande pour avoir les mêmes droits qu'eux. Oui, ça c'est vrai, t'es féministe jusqu'au bout du chignon. Jusqu'au bout des talons. C'est peut-être pour ça que tu manges comme un porc, comme une actrice jamais mannequin, comme un mec. Enfin, comme un porc vu d'ici. Dans le monde normal, ce que tu bouffes, c'est toujours un régime. Faut pas se leurrer. T'as beau dire, t'appartiens complètement à ce monde, depuis un an. En bloc. Tu navigues entre ceux que t'envoies bouler mais qui finalement te font vivre et ceux que t'admirent jusqu'à mouiller le soir en pensant à eux. À elles, aussi. T'es pas complexée, ça non. Du moins t'aimerais bien, ne pas être complexée du tout. En vrai, t'es un peu névrosée. T'es sûre de toi, mais tu te sens toujours menacée. Fémininement, politiquement, professionnellement, amoureusement. Tu flippes quotidiennement, tu te barres constamment. Tu te sens vieilles. Tu l'assummes, mais tu te sens vieille. Tu sais que ta carrière est en train de décoller à la vitesse de l'éclair, tu le sens, c'est inévitable. Mais tu flippes quand même, quand tu vois les pimbêches bouche en coeur qui déboulent chaque jour au studio. Tu deviens hargneuse, et t'aimes pas tourner comme ça. T'aimes pas tellement ce monde-là, finalement. Mais jamais tu reconnaîtrais que t'as fait une erreur. Alors tu t'obstines, t'es née début avril, t'es Bélier.

Salut, moi c'est Mahaut. Elle t'a plu direct, et vous avez aménagé ensemble. Les journaux papotent, mais de toutes façons, Mahaut est hétéro. Complètement hétéro. Et t'as beau la chatouiller tous les matins, tu sens bien qu'elle ne fera pas d'exceptions pour toi. Tu t'en fous, tu vis au coup de coeur. Et si demain tu rencontres l'homme de ta vie, Mahaut pourra bien aller se faire voir. Tu passes d'une bande à une autre, d'un style à un autre. Ca, c'est aussi parce que jusque là, on t'avait pas trouvé de style. T'avais les cartes pour la sensualité, mais tu savais pas en jouer. T'avais le regard du fauve, mais ton corps était trop gracile. Et puis un jour un photographe a dit que t'étais espiègle. Tu l'avais trouvé, ta veine. C'était y a deux mois. Depuis, tu poses beaucoup plus qu'avant. Et les mêmes mots reviennent. Sois espiègle, sois pétillante, sois vivante. Ca te donne un air gamine, et ça te rajeunit. Ils kiffent, tu kiffe, ton monde commence à s'accorder, à prendre forme, et toi tu nages là-dedans, à grandes brasses. Et en plus, t'as même plus à te gêner pour envoyer les merdeux qui viennent te faire chier. Pourtant tu les aimes, les hommes. T'aimes leur musculature, t'aimes l'odeur de leur peau. Mais dans l'ensemble, ils sont cons. Tout est une question de proportions. Comme Londres. En gros, tu l'aimes pas, cette ville. Il t'avait déjà fallu du temps pour t'habituer à Paris, t'as du mal à t'habituer à Londres. Ca va faire trois ans que t'as plus remis les pieds en Irlande. Et y a quelque chose en toi qui est en train de s'effriter, lentement mais sûrement. Moira, j'peux entrer ? Mahaut entre. T'es allongée sur ton lit, ton ordi sur les genoux et tu attends que ta soeur te rejoigne sur Skype. Mais non. Une semaine que t'as pas de nouvelles, parce que vous arrivez jamais à vous connecter au même moment. Mahaut a l'oeil vif et elle regarde tes ongles. Ouais, t'en a un qu'est bouffé. C'est moche, c'est sauvageon, c'est fichu. Tant pis tu le cacheras, tu le déguiseras, tu feras quelque chose. Elle sort de son dos un petit paquet de chips. Tu souris. Tu vas vérifier sur ta balance que tout est en ordre, et t'acceptes de partager. En fait, tu sais que c'est toi qui va le finir, parce que elle c'est une vraie pro. Anorexique. Elle te raconte sa soirée, et tu te marres. Comme une baleine. Dans l'excès, toujours, d'un bout à l'autre de ta vie. Parce que t'as peur du silence, t'as peur du noir, t'as peur de l'anorexie, t'as peur de plein de trucs. Du coup, tu laisses pas tes peurs te rattraper et tu fonces. Tant que ça marche, c'est explosif. Mais personne a envie de te voir vraiment exploser un jour, alors fais gaffe Ó Súilleabháin.




prénom/pseudo : caterpillar âge :majeure ici, mais pas de l'autre côté de l'Atlantique (; pays : France. présence : affaire à suivre, je dirais quatre jours sur sept. comment t'as atterri sur le forum ? grâce à Bazzarqu'en penses-tu ? Il envoie du paté !