— HARD CANDY

Le bruit sourd de la porte d'entrée, ce fut pour Kirsi comme un signal. Riven était sorti. Dès lors, les larmes se mirent à rouler sur ses joues. On aurait pu croire qu'elle pleurait de tristesse, mais alors on aurait été bien loin du compte. C'était la colère qui avait pris le dessus. Elle n'étais pas vraiment en colère contre Riven, c'était contre elle. Elle savait que les dires de Riven étaient vrais, fondés et c'est ce qui la touchait en pleins coeur, il avait trouvé les mots. Ses paroles acerbes l'avaient frappé tels des coups en pleine poitrine. La sensation de ne plus pouvoir parler, respirer devenait une torture. Le petit monde que Kirsi avait réussit à se reconstruire s'écroulait sous ses pieds et elle était la seule à être responsable. Son monde c'était Riven, c'était son corps, tout semblait sur le point de lâcher. Elle avait empacté ses affaires avec rage puis elle était sortie. Elle aussi elle avait besoin de prendre l'air.

Les lattes qu'elle tirait frénétiquement sur sa cigarette aidèrent à la calmer. Elle se vit alors dans une vitrine et ce qu'elle vit lui fit horreur. C'était bien elle, Kirsi Strokous ravagée par la colère. Elle n'avait que la peau sur les os et pourtant elle se trouvait encore trop grosse, elle avait du mal à fermer son jean taille trente-deux depuis deux jours. « Cette baraque est devenue lugubre depuis que t’y as mis les pieds. » Les paroles de Riven passaient en boucle, c'est comme si à chaque fois elle l'entendait à nouveau pour la première fois. Elle ne partirait pas, jamais. Elle ne voulait pas quitter Riven, elle ne voulait pas quitter le confort qui lui offrait, elle ne voulait pas quitter la seule personne qui jusqu'alors avait veillé sur elle. Sans lui elle était perdue. D'un pas décidé elle se dirigea vers la première boulangerie qu'elle trouva. Tout se mélangeait dans son esprit. Des tas de gâteaux lui faisaient face, mais elle ne pouvait voir que les calories qu'ils représentaient, tout le sucre, le sel et les graisses qu'ils contenaient. Kirsi n'avait plus aucunes idées du gout du chocolat ou des tartes au citron. Tout cela ne représentait plus aucun plaisir pour elle. Kirsi savait que si elle avalait ne serait ce qu'une bouchée d'une de ses pâtisseries, elle se sentirait coupable, doublée de volume, elle n'en dormirait pas la nuit et elle serait obligée de se faire vomir. Elle était prête à faire des efforts mais pas au point de manger sucré. Elle sortie de la pâtisserie sans rien avoir pris. Des rires atroces résonnèrent dans sa tête, elle n'avait pas réussit à choisir un gâteau. Riven avait peut être raison finalement. Kirsi ne voulait pas se l'entendre dire, elle allait rester vivre chez Riven coûte que coûte.

Elle plaqua sur son visage se sourire faux qu'elle offrait à tout le monde, vestige de sa joie de vivre passée. Elle rentra à la maison, elle avait la ferme intention de faire comme si de rien était.