yevaEvgeniyaLobanov

ft. monika jagaciak ▬ (c) jagaciaks

âge : 22 ans. origines : russe. métier : mannequin. orientation sexuelle : hétéro ou bi (au choix). statut : célibataire.

L'histoire de Yeva est assez libre, si ce n'est qu'elle est dans le mannequinat depuis ses 16 ans, donc elle ne débarque pas, qu'elle est établie et installée dans cette industrie, mais que ça n'a pas toujours été le cas. Elle a été repérée alors qu'elle faisait du shopping à Novossibirsk. Elle a immédiatement quitté sa Sibérie pour signer avec une grande agence. C'est une fille complexe, qui peut passer d'un extrême à l'autre dans la même heure, tantôt blasée et mélancolique, tantôt surexcitée et fêtarde, elle est assez instable psychologiquement. Mais puisqu'il s'agit d'un phénomène assez commun dans ce milieu, personne ne s'en inquiète. Elle se drogue occasionnellement, boit beaucoup, et possède une sexualité pour le moins épanouie. A vous de faire le reste.

❝ j'te fascine, hein ? viens on parle de moi ❞ — bdn.

«ouvreputaintufaischier !» tout ça d’une seule traite, sans respirer, et la clope toujours au bec, dont la cendre oscille dangereusement au-dessus de la chemise armani, héritée d’un défilé de je ne sais plus quelle saison lors de je ne sais plus quelle fashion week, passablement froissée et ouverte sur un tee-shirt pourri qui ne s’accorde pas du tout avec, dans une tenue improbable et à vomir, mais que tout blogueur qui se respecte postera dès le lendemain pour que des dizaines de types sans personnalité puissent se ruer dans les magasins afin de trouver le même tee-shirt pourri, et la même chemise armani qu’ils rouleront en boule avant de l’enfiler et se pavaner dans la rue avec l’air de celui qui sait ce qui est tendance. Mon cul que c’est tendance, pauvre con, je viens de me faire larguer par ma copine, j’ai pas dormi depuis j’sais pas combien de nuits, je me suis envoyé plusieurs grammes de coke dans chaque narine et une meuf aussi pour soulager mon désespoir, et quand je me suis résolu à sortir pour venir passer à tabac la porte de l’élue de mon coeur, comme tout mec désespéré se doit de le faire, j’ai ramassé les premiers trucs qui trainaient au sol. Mais «largué» est un bien grand mot puisque dans les faits, j’ai juste pas de nouvelles d’elle à cause d’un connard muni d’un iPhone dans une soirée décidément trop arrosée. J’ai rien fais avec cette meuf, du moins je crois, mais ça n’a pas empêché la rumeur de circuler, et Yeva de partir en couilles. En moins de 48h elle est parvenue à s’envoyer la moitié de mes potes (j’en ai pas beaucoup, mais c’est quand même de l’ordre de l’exploit méritant très certainement un hot d’or), et le faire savoir à la terre entière via facebook. Et comme un con, j’arrive même pas à lui en vouloir, j’veux juste qu’elle m’écoute, qu’elle comprenne que j’ai rien fait avec cette pauvre meuf, que quand bien même ça n’avait aucune signification, et qu’elle peut pas foutre en l’air une relation comme la notre pour un coup de queue à peine conscient. Cette fille je l’ai dans la peau, elle me démange de partout, elle est comme la dope que je m’envoie dans le cerveau, elle me fait planer et rend mon quotidien un peu moins glauque, un peu plus supportable. Ca fait un an que ça dure, et je nous croyais indestructible. Elle est pas parfaite, instable et fragile, mais je sais la protéger et elle m’empêche d’exploser façon champignon nucléaire éradiquant la vie sur Terre. «Ouvre Yeva !! Je sais que t’es là !!» je tambourine encore une fois, ça doit bien faire une heure que je fais ça. J’ai les poings douloureux, mais c’est essentiellement du au fait que j’ai été m’expliquer avec mes «meilleurs» potes avant de venir ici. «Elle est pas là, mec.» m’informe un type, un sac poubelle à la main, des lunettes sans verres sur le nez. «Elle s’est barrée y a deux jours.» tout en parlant, il s’approche de la porte, tourne la poignée qui cède sans résister, puis pousse la porte du plat de la main. Alors je découvre l’appartement où j’ai passé la plupart de mes nuits depuis près d’un an, totalement vide. Y a plus rien à part les tringles à rideaux, sans rideaux. Même pas un mot. Rien. «salope.» c’est tout ce qui me vient, dans un murmure. Et c’est tout ce qu’il me restera. Elle m’a brisé, elle m’a vidé, elle m’a privé du peu de soutient que j’avais dans ce monde, elle s’est employée à ruiner ma vie pour me punir d’avoir baisé avec une autre, alors qu’elle-même ne se gênait pas pour le faire. Non, en fait elle s’est employée à ruiner ma vie pour me punir d’avoir touché sa fierté. Oser coucher avec une autre alors qu’on l’avait elle, à disposition ? Impensable, inimaginable. Et maintenant que tout le monde savait que c’était possible, elle devait faire de moi une loque, un épave, une pauvre merde rongé par la culpabilité et le remord, afin que tout le monde comprenne qu’on ne peut pas l’avoir eu, ne plus l’avoir, et survivre quand même. Une salope nombriliste, manipulatrice, indifférente au reste.

C’était il y a trois ans. J’ai survécu, mais sous quelle forme ? Je suis devenu un connard nombriliste, manipulateur, indifférent au reste sauf lorsqu’il s’agit de se délecter de la misère des autres. Yeva ? Quelque part, je l’aime toujours, comme on aime quelque chose qui nous échappe encore, mais par instinct de survie, je sais garder mes distances avec elle. Pour sa propre survie, il vaut mieux qu’elle garde les siennes aussi. Je n’ai plus rien à voir avec celui que j’ai été.